Les migrations

Marion Osmont

La Déclaration universelle des droits de l’Homme

consacre la liberté de circulation dans son article 13 :
« toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien »,
et reconnaît, dans son article 14, le droit d’asile comme droit fondamental
« devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays ».

Une personne sur 110 dans le monde  a été contrainte de fuir son foyer

Chaque jour des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont contraints de fuir leur foyer, souvent brutalement. Selon l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), l’année 2017 a vu un nombre record de personnes déracinées à travers le monde, fuyant guerres, violences et persécutions.
Dans son rapport 2017, l’agence évalue à plus de 68,5 millions le nombre de déplacés  – un chiffre en évolution constante depuis 2012, le plus élevé jamais enregistré depuis la création de l’agence onusienne en 1950, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Ils partent de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak, du Soudan, d’Erythrée, de Somalie. Plus de la moitié d’entre eux sont âgés de moins de 18 ans. 57 % des réfugiés à travers le monde sont originaires de 3 pays : Syrie (6,3 millions), Afghanistan (2,6 millions) et Soudan du Sud (2,4 millions).

Les  déplacés dans le monde

Si une grande partie des discours se concentre sur les difficultés  de l’Europe à faire face à un « afflux » de réfugiés, le HCR souligne un profond déséquilibre dans l’accueil qui est apporté à ces déracinés. Parmi ces 68,5 millions de personnes, 40 millions sont des déplacés internes : la majorité des personnes devant fuir leur foyer ne traversent jamais les frontières de leur pays. Et les ¾ des réfugiés vivent dans les pays voisins de leurs pays d’origine. 85 % des réfugiés  sont ainsi accueillis par des pays en voie de développement. Ce sont les pays les plus pauvres qui supportent l’essentiel de la charge d’accueillir les déplacés.
10 pays – sur les 193 que compte la planète –  qui représentent moins de 2, 5 % du PIB mondial, accueillent 56 % des réfugiés. Parmi ces 10 pays ne figure aucun pays européen ou d’Amérique du Nord.
Le premier pays hôte est la Turquie,  qui accueille 2, 9 millions de personnes.
Le Pakistan accueille 1, 4 millions de réfugiés, le Liban et l’Iran respectivement 1 million et 979 400 de réfugiés.
Sur le continent africain, 940 800 personnes sont réfugiées en Ouganda, 791 600 en Ethiopie.

Les routes de l’exil

L’exil impose des conditions de vie précaires et expose les plus vulnérables aux violences : séquestrations, détentions illégales, menaces, viols et violences. Les blocages aux frontières font que les migrants empruntent des routes de plus en plus périlleuses. Partout aux points de frontières, des camps informels se développent, où les migrants survivent dans une extrême précarité matérielle et sanitaire.
Durant le premier semestre 2018, Près de 50 000 personnes ont risqué leur vie pour gagner l’Europe par la Méditerranée. Plusieurs milliers d’entre elles y ont péri noyées, impossibles à recenser. Le HCR évalue les morts au minima à 1500 durant le premier semestre 2018, soit environ 1 personne sur 30 ayant tenté la traversée. L’Organisation Internationale des Migrations (OIM) recense quant à elle plus 15 000 personnes noyées en Méditerranée ces 4 dernières années. Le HCR appelle a renforcer les moyens de recherche et de sauvetage en Méditerranée, et rappelle que le droit de la mer rend oblige à porter assistance à toute personne en danger ou en situation de détresse en mer, et à la débarquer dans un lieu sûr, habituellement le port le plus proche.

L’asile

« L’asile s’entend d’un lieu ou territoire permettant de trouver protection. Le droit d’asile est ainsi, du point de vue de son bénéficiaire, celui de rechercher et trouver refuge, et, l’ayant trouvé, de n’y être plus poursuivi, mais aussi, du point de vue de celui qui l’accorde, le droit d’accueillir les personnes recherchées et de ne les point livrer » ( Droit d’asile, Jean Malabre, Encyclopédia Universalis).
Pour ceux qui parviennent en Europe, l’issue restera incertaine jusqu’à l’obtention d’une protection. Les migrants subissent souvent des discriminations dans les pays où ils s’installent, qui limitent leur accès à l’éducation, à l’emploi, aux soins et au logement. Mais, à contre-courant des discours de nombreux responsables politiques qui justifient leurs politiques de fermeture par la frilosité de l’opinion publique, de nombreux citoyens et citoyennes se mobilisent pour accueillir dignement ces personnes qui ont tout quitté dans l’espoir d’une vie meilleure.


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