LIMBO – Après l’horreur libyenne

Olga Kravets

Jean-Paul Mari, Vice Président de LIMBO, nous raconte :

Je me rappelle Solomon, le jeune érythréen, ses cheveux noirs crépus jaunis par le soleil et l’eau de mer, ses yeux hagards. Il avait dérivé vingt-cinq jours sur un zodiac en méditerranée. Ils étaient soixante-quinze au départ, cinq survivants à l’arrivée. Ses nuits de cauchemars étaient terribles. Il grimpait une montagne, entouré des morts du bateau, leurs bouches déformées par d’horribles grimaces. Solomon essayait d’atteindre le sommet, mais les autres voulaient l’entrainer avec eux, lui demandant qu’il abandonne la vie et se laisse glisser avec eux. Et Solomon se réveillait hurlant de terreur. Un mort-vivant.

Chaque exil d’un migrant est une épopée, souvent un calvaire. Surtout quand ils sont passés par les innommables camps de torture en Libye. À quoi bon arriver en Europe si on n’est plus capable de vivre ? Dix-sept pour cent des migrants qui ont fait le grand voyage souffrent de grave névrose traumatique, l’équivalent des soldats vétérans des guerres de forte intensité. Souvent incapables de parler, de dormir, de travailler, de revivre.

 

Qui s’en occupe ?

LIMBO, cette année, a continué à prendre en charge ces jeunes hommes et femmes à la dérive. Une semaine de stage résilience à l’abbaye de Conques en Aveyron. Une dizaine de stagiaires, tous ensemble, entourés et actifs, art thérapie, expression corporelle, randonnées, canoës-kayaks, rencontres avec les artisans d’art du village, une panoplie simple et efficace. La spirale infernale du trauma est cassée. En huit jours, les stagiaires redécouvrent une autre vie.

Un stage par période de vacances et, pour la première fois cet été, deux stages consécutifs, l’activité augmente, complétée par des projections débats, des conférences, une sensibilisation dans les lycées et une action de plaidoyer auprès de tous les acteurs qui peuvent permettre de développer notre action.

 

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