Soigner en temps de guerre

EliseCare

Qu’ils fuient la guerre, les conflits, les discriminations, la misère, ou les conséquences du réchauffement climatique, les exilés ont droit à un accueil digne. La Fondation consacre plus de 15 % de son budget à soutenir les acteurs associatifs de terrain qui œuvrent à leur côté. Elise Boghossian, fondatrice de l’association EliseCare qui apporte une aide médicalisée aux populations rescapées en Irak et en Syrie, nous raconte :

 

En 2013, lorsque le conflit syrien commence, vous êtes acuponctrice installée à Paris et vous partez « seule avec vos aiguilles » en Jordanie, sur le terrain. Qu’est ce qui vous pousse à faire ce choix ?

« Moi-même petite fille de déportés arméniens, mes parents sont des émigrés. Je me disais qu’un jour, lorsque je pourrais, je tendrais la main à ces gens là comme on nous a tendu la main. Sur place, c’est le choc. Il n’y a pas de médecins, seulement 4 bénévoles pour 10 000 réfugiés. Personne ne connaissait l’acuponcture mais je proposais aux victimes, comme il n’y avait pas de morphine, d’essayer les aiguilles pour voir si cela soulageait leur douleur. Et de fil en aiguille, j’ai pu les aider. »

 

L’action d’EliseCare se matérialise aujourd’hui à travers 9 cliniques, 6 bus mobiles, 3 dispensaires fixes et 40 professionnels de santé. Comment votre initiative solitaire est-elle devenue une grande aventure humaine ?

« Face à l’ampleur de la crise humanitaire, avec l’arrivée de Daesh, la priorité a été de mettre en place des actions dans la durée. J’ai formé des médecins, je leur ai laissé mon matériel pour qu’ils puissent pratiquer. En 2014, un premier dispensaire mobile a été créé et une équipe médicale recrutée. La mission des dispensaires est triple : assurer des consultations et des soins gratuits ; permettre un suivi psychologique des patients ; offrir un accès à des formations médicales en acupuncture, secourisme, gynécologie, radiologie et biologie. EliseCare forme également aux métiers de la santé des femmes réfugiées syriennes et irakiennes. »

 

Durant le premier semestre 2018, près de 50 000 personnes ont risqué leur vie pour gagner l’Europe par la Méditerranée. L’Europe et la France doivent faire face à ces déportés fuyant les conflits et les violations des droits humains. Quelles sont vos actions en France ?

« En France, des milliers de personnes n’ont pas l’opportunité de vivre décemment et sont privés de soins. Nous nous sommes implantés à Calais en 2016. En 6 mois, nos acupuncteurs ont réalisé plus de 5 000 consultations au profit de 3000 bénéficiaires. Je crois que c’est en agissant là où nous allons et autour de nous que nous prenons conscience que notre bonheur passe aussi par notre relation aux autres. Ca peut sembler égoïste mais je pense que nous sommes tous liés et que le bonheur des uns ne peut pas se faire sans cette main tendue.»

 

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